Attentat de la rue des Rosiers : la Norvège valide l’extradition d’un suspect vers la France

La Norvège a donné son feu vert, vendredi, à l’extradition vers la France d'un des auteurs présumés de l'attentat de la rue des Rosiers, qui avait fait six morts dans le quartier juif de Paris en 1982.

Un citoyen norvégien, auteur présumé de l'attentat de la rue des Rosiers, bientôt jugé en France ? Le tribunal d’Oslo a estimé, vendredi 25 septembre, avoir réunies les conditions légales d'une extradition vers la France d’un suspect dans l’attaque terroriste qui avait fait six morts dans le quartier juif de Paris en 1982.

"Les conditions d'une extradition vers la France sont (...) remplies", a tranché la juge Pernille Wold Ellingsen. Walid Abdulrahman Abou Zayed "peut être extradé" en vertu de la loi norvégienne, a-t-elle conclu.

Arrêté le 9 septembre en Norvège où il vit depuis 1991, cet homme de 61 ans, d'origine palestinienne, clame son innocence et refuse d'être envoyé en France, où il fait face à des poursuites judiciaires.

"J'y suis opposé parce que je n'ai rien à voir avec cela", a-t-il déclaré quelques heures plus tôt au tribunal, où il est arrivé sous escorte policière, faisant des signes de victoire de la main.

 

Le 9 août 1982, un commando de trois à cinq hommes avait lancé une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg dans le "Pletzl", quartier juif historique de Paris, puis ouvert le feu dans l'établissement et contre des passants. L'attaque avait aussi fait 22 blessés.

L'opération avait rapidement été attribuée au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d'Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

La justice française soupçonne Abou Zayed, naturalisé norvégien en 1997, d'avoir été "l'un des tireurs de l'attentat". Lui assure qu'il se trouvait à Monte-Carlo.   

6 morts, 22 blessés lors de l'attentat de la rue des Rosiers, le 9 août 1982 à Paris

La légalité de l’extradition en question                

La Norvège n'avait pas donné suite à une précédente demande de Paris en 2015, car elle n'extradait alors pas ses ressortissants. Mais l'entrée en vigueur, l'an dernier, d'un accord avec l'UE et l'Islande le lui permet désormais.

Selon la loi norvégienne, une décision d'extradition juridiquement contraignante doit "si possible" intervenir 45 jours au plus tard après une arrestation.

La représentante de l'accusation, Anne Karoline Bakken Staff, a indiqué, vendredi, qu'une extradition pourrait être assortie d'une exigence de voir Abou Zayed purger une peine éventuelle en Norvège.

"Je n'aime pas la France", a proclamé celui-ci par la voix d'un interprète. "Je ne veux pas aller en prison en France".

Son avocat, Ole-Martin Meland, a mis en cause la légalité d'une extradition, invoquant l'absence de réciprocité, la France n'accepterait pas d'extrader ses ressortissants vers la Norvège, la prescription des faits en droit norvégien, ou encore la santé défaillante de son client qui présenterait "deux diagnostics psychiatriques graves".

La requête française est "extrêmement maigre", a-t-il dit, notant que la seule preuve fournie était le témoignage d'Atef Abubaker, un ancien membre du groupe Abou Nidal, incriminant Abou Zayed, qui dit ne pas connaître celui-ci.

"Nous ne pouvons jeter un citoyen norvégien hors de Norvège sur la base d'allégations fumeuses", a aussi plaidé l'avocat.

Un procès 40 ans après l’attaque ?

Avant que la décision du tribunal d'Oslo ne soit connue, les familles des victimes, qui espèrent un procès depuis près de quatre décennies, avaient placé beaucoup d'espoirs dans une éventuelle extradition.

"C'est très important au niveau du symbole, surtout au vu de l'actualité judiciaire française avec le procès des attentats de janvier 2015, qu'une personne mise en cause soit mise en face de ses responsabilités", a déclaré à l'AFP David Père, avocat de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT).

"Nous sommes très impatients d'avoir les explications de ce monsieur et très curieux de ce qu'il aura à nous dire, en espérant que cette extradition peut débloquer les situations en Jordanie et à Ramallah", a pour sa part indiqué Romain Boulet, avocat de proches de victimes.

La justice française a en effet émis quatre mandats d'arrêt internationaux visant Abou Zayed, deux individus localisés en Jordanie et un autre en Cisjordanie, tous soupçonnés d'avoir été impliqués dans la préparation ou la perpétration de l'attaque.

La Jordanie a refusé à plusieurs reprises d'extrader les deux suspects présents sur son territoire, dont le cerveau présumé de l'attentat.

L'affaire est d'autant plus sensible qu'un éventuel accord secret passé à l'époque entre les renseignements français et le groupe Abou Nidal est régulièrement évoqué : les premiers se seraient engagés à une libération de prisonniers en contrepartie de l'engagement du groupe à ne pas perpétrer d'opération sur le sol français.

France : Révélations sur l'attentat de la rue des Rosiers en 1982

 

 

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