Haïti: janvier 2024, le mois «le plus violent depuis plus de deux ans»

En Haïti, le mois de janvier 2024 a été « le plus violent depuis plus de deux ans », a indiqué vendredi 9 février le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme à Genève.

 

« La situation déjà désastreuse des droits humains s'est encore détériorée, dans un contexte de violence incessante et croissante des gangs, avec des conséquences désastreuses pour les Haïtiens », a dénoncé, dans un communiqué, le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Volker Türk. Au moins 806 personnes ont été tuées, blessées ou kidnappées en janvier 2024, et quelque 300 membres de gangs ont également été tués ou blessés, soit un total de 1 108 personnes, trois fois le nombre enregistré en janvier 2023, précise le Haut-Commissariat.

Mettre un terme à « la souffrance du peuple »

C'est dans ce contexte de violences que la Conférence des évêques catholiques d’Haïti appelle les autorités à mettre immédiatement un terme à « la souffrance du peuple ». Quel rôle l'Église catholique peut-elle jouer ? Pour monseigneur Jean Dénisord, évêque de Hinche, « l’Église a un poids, c’est un fait. Parce que, non seulement il y a les fidèles comme population, mais il y a aussi d'autres communautés qui ne sont pas forcément catholiques, qui reconnaissent aussi tout ce que l'Église apporte à cette communauté. »

« Certainement, l'Église peut peser dans la situation, mais le pays est tellement gangstérisé, ce sont les armes qui parlent dans ce pays, dit encore l'évêque de Hinche. Et c'est difficile parfois, les gens pensent que l'Église pourrait, fort du nombre de ses fidèles, descendre dans les rues, et cetera. Alors là, l'Église ne peut pas aller dans ce sens-là ! Mais l'Église, comme institution, peut engager un dialogue, et on l'a fait aussi dans le passé. L'Église ne reste pas inactive. L'Église n'est pas insensible à ce qui se passe. Mais malheureusement, il y a tellement d'intérêts dans ce qui se passe et on essaie évidemment d'étouffer la voix de l'Église. »

« Accompagner les policiers qui sont victimes »

Dans la lutte face aux gangs armés qui contrôlent notamment 80% de la capitale, Port-au-Prince, la police interpelle le gouvernement. Francisco Occil, porte-parole du Syndicat national des policiers haïtiens (Synapoha), demande un meilleur accompagnement des agents et de leurs familles : « Le problème que nous avons, en tant que policiers sur le terrain, c'est que, quand un policier est victime en opération, il n’y a aucune mesure, aucune forme d'accompagnement qui est prise pour aider sa femme, pour aider ses enfants. Donc, c'est pour cela nous exigeons de l'État central de pouvoir prendre des mesures afin d'accompagner les policiers qui sont victimes en service. Et nous exigeons de l'État la mise sur pied d'une politique de protection sociale pour les policiers, pour leurs familles. »

 « Chaque jour qui passe, de nouvelles victimes sont enregistrées. Aujourd'hui plus que jamais, les vies des Haïtiens dépendent du déploiement, sans plus tarder, de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MSS), pour soutenir la police nationale et assurer la sécurité de la population haïtienne, dans des conditions conformes aux normes et standards en matière de droits humain », a aussi déclaré de son côté Volker Türk.

(Avec AFP)


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