L’administration ne doit plus être un recours de dernière solution

Le Forum National sur l’Administration initié par le Président de la République S.E.M Macky Sall est venu à son heure et devrait être félicité à tout point de vue. Aussi, cette rencontre sonne le glas sur beaucoup d’autres questions qui, dans le fond, méritent une plus ample réflexion.

De prime abord, je voudrai préciser que cette contribution n’est nullement une mise en accusation mais un rapport de faits pour davantage susciter des réflexions qui contribueront efficacement à la mise en œuvre concrète d’un Sénégal émergent dont nous aspirons tous. Ayant personnellement capitalisé la plupart de mon expérience professionnelle dans la sphère privée avant d’être au service publique de l’Etat du Sénégal, il en va de soi que les appréciations de valeurs peuvent parfois être contradictoires. Dès lors que j’évolue désormais au sein du système public, le constat que j’en fais n’est nullement le fruit du hasard. Or, la vision du service publique est de loin celle que je pourrais qualifier de meilleur parce que dépourvue de mécanismes d’analyse et d’implication forte de la part de ces principaux acteurs.

En effet, comme l’a si bien souligné M. Macky Sall lors de son allocution, «l’administration est le point cardinal de toutes les politiques de développement». Mais, faudrait-il encore mieux appréhender les agents de l’administration, c'est-à-dire les ressources humaines et leur offrir en substance une vraie source de motivation qui engendre des challenges bien définis. A titre illustratif, la formule managériale «Efficacité= Motivation + Compétence, doublée d’une Culture et de Compétitivité» s’appliquerait aussi bien à l’administration sénégalaise, en soi une organisation comme toute autre.

D’après un passé récent, être agent de l’administration au Sénégal renvoyait à une certaine étiquette de respect, de valeurs, de prestige, voire même d’idolâtrie à l’instar du Président Abdou Diouf. Au fil du temps, sans prétendre à une quelconque exhaustivité, nous sommes témoins de nos jours du contraire avec la dégradation exacerbée de ces valeurs qui ont soutenu notre administration. Au ras des pâquerettes la perte progressive de ces valeurs ne favorise plus un engagement de la part des agents qui ne font plus d’émules. Pour reprendre les propos du président Sall «un service de qualité n'est assuré que si les ressources humaines sont engagées et motivées parce que mises dans des conditions de compétition et de performance». Pour s’inscrire dans un contexte de réformes, au-delà du référendum du 20 mars 2016 qui a abouti à la révision des textes, il faut dorénavant reformer les mentalités et les conditions de travail.

La frustration des agents de l’Etat, de l’administration sénégalaise, est profonde et reste à revoir sur plusieurs niveaux. Je m’en bats la couple mais l’exemple le plus illustratif aujourd’hui reste la comparaison entre les jeunes à diplômes égaux qui dans le privé, ont meilleur atout en ce qui concerne un développement de carrière, des ressources financières plus soutenues, des renforcements de capacités professionnelles périodiques pour s’adapter à l’évolution des technologies, des lois, des procédures et/ou, bénéficient de satisfaction différée. Ces différents concepts ne doivent plus rester théoriques dans l’administration mais, doivent être pleinement ancrés dans les objectifs conjoncturels et structurels.

En somme, les agents de l’administration doivent être enviés et non envieux.

Cependant, il serait raison d’affirmer également que tout agent de l’Etat ne devrait point se sentir plus méritant qu’un sénégalais sans emploi car étant rémunéré par l’argent du contribuable. L’administration en soi ne doit plus être un recours de dernière solution comme nous le présente hélas, un bon nombre d’agents qui ne justifient leurs salaires que par leur présence, et non par l’action, leur engagement ou leur contribution au schéma de développement. Dès lors je suis parfaitement en phase avec le Président Macky Sall lorsqu’il affirme que «Servir conformément à l'engagement qui vous lie à l'Etat, c'est ce qui est attendu de chacun de vous». Cette affirmation nous interpelle aussi sur beaucoup de principes et qualités professionnels dont devrait se doter chaque agent de l’Etat. L’accueil, la sympathie, la réactivité, le respect des usagers, la ponctualité, la gestion clientèle, le dévouement, l’écoute, et la compassion sont malheureusement des notions managériales en manque au Sénégal. Pourtant, une simple appropriation de ces vertus facilitera encore une fois la satisfaction des deux parties: l’administration et les usagers du service public.

Adja Sy Ba
Administratrice de la Place du Souvenir Africain et de la Diaspora


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