Mali: questionnements autour des annonces présidentielles sur le coronavirus

C’est le flou et l’incompréhension après l’annulation à la dernière minute, lundi soir, du discours que devait prononcer le président Bah N’Daw à la télévision d’État, l’ORTM. L’annonce de mesures pour lutter contre la propagation du Covid-19 était attendue, le discours avait même été enregistré.

Le nouveau président par intérim du Mali Bah N'Daw assiste à la cérémonie d'inauguration avec le nouveau vice-président malien le colonel Assimi Goita à Bamako, au Mali, le 25 septembre 2020. REUTERS/Amadou Keita

 

Aucune justification à cette annulation. Ni la présidence ni le ministère de la Santé, sollicités par RFI, n’ont apporté de réponse. Le discours du président Bah N’Daw circulait pourtant lundi dès la fin d’après-midi, avant sa diffusion prévue pour 20 heures. S’agit-il d’une réaction de colère du chef de l’État, comme on peut le lire sur les réseaux sociaux, après ces fuites, ou plutôt d’un revirement, d’un changement de stratégie de dernière minute, comme d’autres le pensent plutôt ? Impossible de le dire.

Ce qui est sûr, c’est que les mesures qui devaient être annoncées étaient particulièrement drastiques : fermeture pendant 28 jours des écoles, mais aussi des restaurants, des bars et autres « lieux de plaisir », fermeture également des marchés à partir de 14h, couvre-feu nocturne dès 21h… Des mesures qui inquiètent, et en particulier les acteurs économiques.

C’est le cas de Bamba Tidiani Kanadji, le secrétaire général de l'Association des commerçants du boulevard du peuple, au Grand marché de Bamako, et deuxième vice-président du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali : « Non, nous ne sommes pas d’accord pour ça, parce que ça serait une catastrophe. Certaines personnes ne gagnent leur pain qu’à partir de l’après-midi ! Si on doit prendre des mesures de ce genre, il faut un accompagnement. Il n’y a jamais eu un quelconque appui de l’État en faveur des opérateurs économiques, depuis la première vague jusqu’à maintenant. Si vous dites à quelqu’un de fermer l’après-midi, et qu’il n’a pas de moyen de subsistance… Le marché, c’est la soupape sociale du Malien moyen. Je demande vraiment au président d’y réfléchir à deux fois. Je ne dis pas qu’il ne faut pas prendre de mesures, mais il faut réfléchir aux mesures les mieux adaptées. Il ne faut pas prendre des mesures qui vont amener d’autres difficultés ! »

Plus de 4 700 cas dans le pays

Le Mali, comme de nombreux pays dans le monde, est confronté à un vrai dilemme en ce qui concerne les mesures à prendre pour lutter contre le coronavirus. Le pays a enregistré plus de 4 700 cas depuis le début de la pandémie, selon les derniers chiffres officiels. La majorité a guéri, mais plus de 1 300 personnes sont toujours atteintes et 156 sont décédées. Des chiffres très sous-estimés en raison de la faible capacité de tests

 

Les autorités sanitaires maliennes alertent surtout sur l’accélération de la propagation ces derniers jours. La semaine dernière, un foyer a même été découvert à la présidence, puis au ministère de la Communication. Éviter que la situation n’empire est donc une nécessité, il s’agit de trouver le juste équilibre entre les impératifs sanitaires et économiques. Les mesures qui n’ont finalement pas été annoncées hier étaient censées être adoptées demain, en Conseil des ministres. On pourrait donc être rapidement fixés sur les choix définitifs des autorités de transition.


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