Des combats ouverts éclatent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh

Des civils et des militaires ont été tués dans de violents combats qui ont éclaté dimanche dans la région du Haut-Karabakh, ont déclaré l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens, s'accusant mutuellement d'avoir lancé les hostilités. La "mobilisation générale" a été décrétée par Erevan, tandis que le président azéri a promis de "vaincre".

Ce pourrait être un nouveau conflit ouvert. Des combats violents ont éclaté dimanche 27 septembre dans le Haut-Karabakh, région frontalière disputée depuis des décennies entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ont déclaré les deux parties, s’accusant mutuellement d’avoir lancé les hostilités, qui ont fait des victimes civiles et militaires. Tandis que le territoire séparatiste soutenu par Erevan a décrété la "mobilisation générale", le président azéri a promis de "vaincre".

"Des morts et des blessés ont été rapportés parmi les civils et les militaires", a déclaré la présidence azerbaïdjanaise, tandis que le médiateur public du Karabakh a déclaré qu'il y avait "des victimes civiles [dans la population de la région]".

Une femme et un enfant sont morts dans la région, a pour sa part rapporté l'attaché de presse du ministère arménien de la Défense. Deux hélicoptères azerbaïdjanais ont été abattus, avait indiqué plus tôt le ministère, qui soutient les séparatistes [arméniens d'Azerbaïdjian].

 

"Loi martiale et mobilisation générale"

L'Arménie accuse les forces azéries d'avoir tiré des obus sur la région, tandis que l'Azerbaïdjan accuse les forces arméniennes de bombarder des positions militaires et civiles azéries.

Face aux combats, le Haut-Karabakh a décrété "la loi martiale et la mobilisation générale pour les plus de 18 ans [pour toute sa population masculine]", a annoncé dimanche le président de la région, Araïk Aroutiounian, lors d'une séance extraordinaire du Parlement local, selon la présidence.

Emboîtant le pas de celui-ci, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a également décrété "la loi martiale et la mobilisation générale en Arménie". "J'exhorte tout le personnel à se présenter aux commissariats militaires", a-t-il poursuivi sur Facebook. "Soutenons fermement notre État, notre armée […] et nous allons vaincre".

"Nous allons vaincre"

À Bakou, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a promis la "victoire" dans un discours à la télévision : "L'armée azerbaïdjanaise combat aujourd'hui sur son territoire, défend son intégrité territoriale, porte des coups dévastateurs à l'ennemi. Notre cause est juste et nous allons vaincre".

"Tôt ce matin, la partie azerbaïdjanaise a lancé des bombardements tout au long de la ligne de contact. Ils bombardent aussi Stepanakert [la capitale], nous appelons la population à se mettre à l'abri", a pour sa part indiqué le porte-parole de la présidence séparatiste sur sa page Facebook.

"Les forces armées du Karabakh ont jusqu'ici mis en échec les plans [de l'Azerbaïdjan], infligeant de lourdes pertes [à l'adversaire]", a indiqué le ministère de la Défense de la région.

Une intervention de la Russie et de la Turquie ?

Un conflit majeur impliquant Erevan et Bakou pourrait entraîner l'intervention des puissances en concurrence dans la région du Caucase, la Russie et la Turquie.

Moscou a appelé dès dimanche matin "à un cessez-le-feu immédiat" et à des pourparlers entre les belligérants, alors que les deux camps se rejettent la responsabilité des hostilités.

Du côté d’Ankara, un porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, a lui dénoncé sur twitter "l'attaque de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan", accusant Erevan d'avoir attaqué "des localités civiles". La Turquie est un allié traditionnel de Bakou.

Zone disputée depuis une déclaration d’indépendance en 1991

Le Haut-Karabakh est une région sécessionniste d'Azerbaïdjan, peuplée majoritairement d'Arméniens et soutenue par l'Arménie, ayant proclamé son indépendance avec l'effondrement de l'URSS en 1991. Les deux anciennes républiques soviétiques s'opposent depuis des décennies à son sujet.

La zone a été le théâtre d'une guerre au début des années 1990 qui a fait 30 000 morts. Depuis, les autorités azerbaïdjanaises veulent en reprendre le contrôle, par la force si nécessaire, alors que des pourparlers de paix sont dans l'impasse depuis de longues années.

Des combats opposent régulièrement séparatistes et Azerbaïdjanais, ainsi qu'Erevan et Bakou. En 2016, de graves heurts armés avaient failli dégénérer en guerre au Karabakh, et des combats ont également opposé en juillet 2020 Arméniens et Azerbaïdjanais à leur frontière.

Les deux camps ont l'habitude de se rejeter la responsabilité de ces flambées de violence.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait déjà menacé vendredi 25 l'Arménie de représailles, en raison de son "comportement agressif", évoquant les affrontements du mois de juillet. Bakou a également accusé Erevan de "faire échouer à dessein les négociations" de paix sur le Karabakh. Il avait aussi estimé que l'Arménie préparait des "dizaines de milliers d'hommes ayant un seul but, attaquer l'Azerbaïdjan".

Un Azerbaïdjan riche en pétrodollars contre une Arménie très proche de la Russie

Bakou a profité de ses réserves immenses de pétrole pour dépenser sans compter en matière d'armement ces dernières années. L'Azerbaïdjan peut aussi compter sur le soutien sans faille du président turc, qui accuse régulièrement l'Arménie d'être une menace pour la stabilité du Caucase.

L'Arménie, bien plus pauvre, est par contre plus proche de la Russie, qui y dispose d'une base militaire. Erevan appartient aussi à une alliance politico-militaire dirigée par Moscou, l'Organisation du traité de sécurité collective.

Le Kremlin, qui se positionne en arbitre dans la région, livre des armes aux deux pays. Et depuis près de trente ans, il est parvenu à éviter une guerre ouverte.

La médiation internationale sur le Karabakh, appelée Groupe de Minsk, inclut, outre Moscou, la France et les États-Unis.

Face à la reprise de combats, Paris s'est dit dimanche "vivement préoccupé par les affrontements d'ampleur en cours au Haut-Karabakh", appelant les belligérants à "cesser immédiatement les hostilités et à reprendre le dialogue". Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères déclare "avec ses partenaires russe et américain, réitér[er] son engagement en vue de parvenir à un règlement négocié et durable du conflit [dans cette région], dans le respect du droit international".

Même son de cloche à Bruxelles. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a également appelé dimanche à la cessation des hostilités et au "retour immédiat aux négociations". "L'action militaire doit cesser, de toute urgence, pour empêcher toute escalade [de la violence]", a-t-il indiqué sur Twitter.

 

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