Le gouvernement Trump accuse Facebook de discriminer les Américains à l'embauche

Le réseau social est attaqué en justice pour avoir favorisé l'embauche de salariés étrangers sous visa.

 

Facebook a préféré embaucher des salariés immigrés plutôt que de chercher si des Américains pouvaient correspondre aux postes concernés. Telle est en substance l'accusation portée par le gouvernement Trump contre le réseau social. Ce dernier est attaqué en justice au terme d'une enquête de deux ans.

Facebook a «intentionnellement créé un système d'embauche qui a empêché des Américains qualifiés d'avoir une chance de connaître et de se présenter» à ces postes, écrit le ministère de la Justice dans un communiqué. Le gouvernement Trump cible 2600 recrutements effectués par le réseau social entre janvier 2018 et septembre 2019.

Les postes en question ont été obtenus par des salariés de Facebook jusque-là détenteurs de visa de travail temporaires dits H-1B. Ces derniers sont réservés aux immigrés aux profils très qualifiés, comme des médecins ou des ingénieurs. Les grandes entreprises de la Silicon Valley sont friandes des visas H-1B. Elles leur permettent d'attirer des profils internationaux très qualifiés - souvent, des ingénieurs indiens.

Des processus de recrutement atypiques

Grâce à leur embauche définitive chez Facebook, ces salariés immigrés ont pu recevoir leur carte verte. Or, aux États-Unis, les règles pour obtenir ce visa permanent sont assez strictes. Le demandeur doit présenter une promesse d'embauche à durée indéterminée, tandis que l'employeur doit prouver qu'il n'y avait pas de citoyen américain qualifié pour le poste en question.

Facebook est accusé d'avoir contourné ce système en rendant peu visibles les annonces de recrutement des postes concernés. Ces 2600 offres d'emploi n'ont ainsi pas été publiées sur le site RH de Facebook. Le réseau social a préféré passer des annonces sur un portail d'offres d'emploi et dans la version papier du journal San Francisco Chronicles. Les candidatures devaient être envoyées par courrier. D'après le ministère de la Justice, plus de 80% de ces postes n'ont reçu aucune candidature, alors qu'en temps normal, une petite annonce postée sur le site de Facebook attire en moyenne une centaine de postulants.

«Notre message aux employeurs, notamment dans le secteur technologique, est clair: vous ne pouvez pas préférer le recrutement illégal de salariés étrangers sous visa temporaire aux Américains,» a commenté Eric Dreiband, responsable des droits civiques au sein du ministère, cité dans le communiqué.

Trump hostile à certains visas de travail

Le gouvernement de Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration un de ses marqueurs, a tenté à plusieurs reprises récemment de restreindre l'accès aux visas H-1B mais s'est heurté à des échecs devant les tribunaux.

Les poursuites annoncées jeudi interviennent ainsi deux jours après un revers des autorités sur la question: une cour californienne a tranché en faveur des entreprises de la Silicon Valley en colère contre le gel des visas de travail décidé en juin par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump recourant à la rhétorique anti-migratoire, avait annoncé le gel des cartes vertes et de certains visas de travail, dont les H-1B très utilisés dans le secteur de l'informatique et du numérique. Il avait alors assuré vouloir aider les travailleurs américains, confrontés à la forte hausse du chômage liée à l'épidémie. Son décret avait suscité une levée de boucliers de la part des patrons de géants du secteur comme Google et Apple, et des recours en justice de la part d'organisations comme la Chambre américaine du Commerce et le Bay Area Council.

Un juge a décidé mardi de suspendre deux règles du gouvernement qui auraient forcé les entreprises à payer plus cher les salariés recrutés avec des visas H1-B et à restreindre les types d'emplois remplissant les conditions pour ce visa.

Les plaignants faisaient notamment valoir que dans la baie de San Francisco, entre 40% et 45% des entreprises technologiques sont fondées par des entrepreneurs immigrants.


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