La vente de 200 objets du musée des arts islamiques de Jérusalem annulée à la dernière minute

Les autorités israéliennes, craignant de perdre des joyaux de leur patrimoine culturel, se sont opposées à cette mise aux enchères.

 

Un casque ayant appartenu à un sultan ottoman, une page issue d'un coran presque millénaire, un bol en verre du 13e siècle... Voilà quelques-unes des plus illustres pièces du musée d'art islamique de Jérusalem qui auraient dû être vendues mardi lors d'enchères organisées par la maison Sotheby's. Mais la vente, destinée à renflouer les caisses du musée fondé dans les années 1960, n'a pas eu lieu.

Lundi soir, à la veille du début des enchères, le musée a annoncé dans un communiqué rédigé par son principal donateur que la vente serait repoussée, explique le Guardian . «Nous espérons que ce report rendra possible d'aboutir à un accord qui soit aussi acceptable pour le ministère de la Culture dans les semaines à venir», écrit la fondation Hermann de Stern.

Craignant de voir une partie de son patrimoine culturel dilapidée, le gouvernement israélien a en effet œuvré à bloquer la vente, contraignant ses organisateurs à la déprogrammer. Le président de l'État d'Israël, Reuven Rivlin, estime que la collection avait une «valeur et une importance dépassant sa valeur monétaire». Il a appelé à éviter «la vente de ce capital culturel» israélien.

8,3 millions d'euros

Le musée, qui rencontre des difficultés financières, avait prévu de vendre plus de 200 pièces, pour une valeur totale d'environ 7,5 millions de livres, soit environ 8,3 millions d'euros. Cette décision avait été prise avant que le lieu ne ferme ses portes en raison de la crise sanitaire, mais la direction explique que la vente est désormais cruciale si le musée veut éviter la faillite.

 

Nadim Sheiban, le directeur du musée, plaide le fait que les objets destinés à la vente étaient conservés en réserve depuis longtemps, ou sont semblables à d'autres objets de la collection. La direction affirme que les fonds dégagés assureront sa survie à long terme et le maintien de ses programmes éducatifs. Nadim Sheiban a en outre hérissé plus d'un historien de l'art en justifiant la vente d'armes et de casques par l'idée que la guerre n'avait pas sa place au musée.

Sefy Hendler, historien de l'art à l'Université de Tel-Aviv, doute du fait que le musée soit pris à la gorge et parle de la vente comme d'une «honte publique et artistique». «Les explications savantes de tous ceux qui ont uni leurs forces afin de transférer ces trésors à la vente de Londres peuvent être résumées en un mot : l'argent», écrit-il dans le journal Haaretz .

 

Sotheby's affirme que cela fait des décennies que sont organisées de telles ventes, lorsqu'un musée ou une galerie d'art se sépare de pièces pour lever des fonds. La maison l'affirme : le principe ayant guidé la sélection des pièces mises en vente était le maintien de l'intégrité de la collection. «Les vitrines dans les galeries vont rester presque inchangées, intactes tant du point de vue du visiteur que de celui, académique, du conservateur», explique-t-on chez Sotheby's.


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.